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Christophe Crampette
Christophe Crampette
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1 novembre 2008

Les principes éléments décoratifs

Lors de ma formation d’instituteur à l’école normale de Lille, j’ai subi un certain nombre de cours délivrés par des incompétents dont je ne mesurai alors pas toute la vacuité. Relativisons néanmoins le propos car ces trois années furent également l’objet de belles rencontres, malheureusement trop rares.

Un des grands moments fut le cours d’arts plastiques, que je n’oserai nommer éducation artistique,   consacré aux principes éléments décoratifs. Le principe en est aussi simple que l’intelligence qui découle de son application.

Imaginez qu’on vous demande d’aligner des séries de signes : croix, barres, vagues, points, lignes… selon un ordre et une rythmique absolument réguliers le long de lignes entières et qu’ensuite on juxtapose ces lignes pour remplir des pages de motifs répétitifs, insipides et inutiles. Le summum de l’exercice sera atteint lorsqu’on vous demandera ensuite de remplir des formes (animaux, motifs…) à l’aide de ces éléments afin d’obtenir un effet décoratif du meilleur ordre. Il nous sera même permis, afin d’exercer notre créativité de varier l’orientation des lignes, voire même de jouer dans un même motif avec différentes dispositions. On obtiendra ainsi, selon le talent de l’exécutant un effet décoratif du meilleur acabit.

L’inanité de l’exercice, vous l’aurez compris, repose dans la totale absence d’esprit de créativité, dans une démarche excluant tout principe de réflexion au profit d’une répétition mécanique d’éléments préconstruits. L’illusion ultime sera de faire croire ainsi à l’exécutant qu’il aura approché un travail artistique parce que le résultat sera peut être joli à regarder pendant quelques instants.

Il ne faudrait pas pour autant mésestimer l’utilité de l’acte. En effet, l’enseignant tient ainsi un magnifique outil qui lui permettra de tenir les enfants longuement occupés les jours de fatigue ou de flemme. La séquence pourra même se répéter à l’envie tant les enfants s’appliqueront à tracer consciencieusement leurs longues lignes d’inutilités.

J’ai assisté ce jour à un certain nombre de numéros issus d’écoles de cirque, qui semblaient avoir pleinement intégrés ce magnifique exercice. Les numéros semblaient construits sur la base d’une succession d’éléments techniques, parfois habilement enchaînés, mais habillés d’éléments décoratifs (costume, musique, maquillage, matériel…) sensés justifier une démarche artistique dont le simple fait d’évoquer le nom  semblerait suffire à faire croire qu’elle existe. Le résultat est parfois joli à regarder, mais reste généralement plutôt maladroit, quand il ne se borne pas à reproduire les clichés les plus éculés. Heureusement, le faible intérêt de la réalisation nous permet de l’oublier au plus vite.

Néanmoins, ce qui est dangereux est de laisser penser qu’ainsi on aborderait une démarche artistique, de laisser croire que l’art ne se limiterait à la reproduction de ses apparences. Il n’en est heureusement rien.

francis_bacon

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