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Christophe Crampette
Christophe Crampette
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27 octobre 2008

Contrastes artistiques

Il est souvent difficile dans les festivals de passer d'une specatcle à un autre, d'oublier l'univers de l'un pour se donner une chance de longer dans celui de l'autre. L'exercice du jour était particulièrement intéressant.

Le premier spectacle proposé était celui de la Compagnie "Un loup pour l'homme". Deux personnages, vaguement habillés d'un vieux jogging élimé s'introduisent sur la piste par un des côtés ouverts. Sous la lumière crue de néons, on voit se dessiner les contours d'une relation qui unit ces deux êtres. Entre violence extravertie et douceur contenue, enre tendresse et sadisme, ils nous dévoilent les contradictions de deux êtres qui s'apprécient mais ne peuvent s'empêcher de se juger, de s'évaluer voire de se provoquer. Le plus solide des deux semble devoir rester la victime désignée, mais on se rend vite compte qu'au final, c'est lui qui maîtrise la situation. Semblant subir les évènements, il finit toujours par amener au plus haut son partenaire. Il lui permet de briller mais estcelui par qui le meilleur arrive. Inexorablement, il se remet en position pour porter ou propulser. Il ineroxablement le contrôle des évènements, pour mieux les subir à nouveau en victime consentante.

La technique, parfaitement maîtrisée vient souligner le propos sans jamais apparaître comme démonstrative. La musique est rare, mais appropriée. Elle ne vient jamais remplir un espace laissé vide par le propos mais l'appuie et le conforte. C'est un spectacle d'acrobates qui n'ont pas besoin de recourir aux artifices de la danse ou du théâtre pour meubler leur récit, mais en utilisent les techniques et les ressorts pour appuyer et mettre en valeur ce qu'ils ont à nous dire.

C'est un spectacle créatif, porteur d'un propos artistique fort et assumé. Les deux jeunes artistes, qu'on peut retrouver chez Alloucherie dans Base 11/19 font preuve d'une étonnate maturité pour leur premier spectacle.

Quelques minutes plus tard, on se retrouve sous le magnifique chapiteau de la compagnie AOC pour assister à une carte blanche donnée à la dernière promotion du CNAC.

Quel contraste ! On assiste à de laborieuses présentations de numéros donnés par de jeunes artistes manifestement égarés dans un exercice qu'ils ne maîtrisent pas. Hormis le dernier numéro qui brille par une créativité matérielle très intéressante, l'ensemble est très convenu voire médiocre. Peu de personnages réellement construits et assumés tout au long du numéro, des musiques qui viennent tenter de remplir le vide laissé par le propos et des techniques parfois d'un faible niveau constituent le bilan de ces présentations. On en revient même parfois à exécuter une chorégraphie préalable au sol ou sur l'objet, voire de présenter une introduction sans rapport avec la suite, avant de présenter classiquement sa technique.

Certes on sent parfois poindre des tentatives intéressantes. Le travail de la jeune fille au mat mérite d'être relevé. Pieds et jambes nus, elle propose une relation différente avec son agrès appuyée par un véritable travail de recherche corporel. Il est dommage qu'elle l'abandonne aussi vite pour rentrer dans une deuxième partie de présentation banale et sans relief. On pressent également que le travail des deux filles à la corde pourrait trouver un plus juste développement., mais on en reste au stade de la recherche non aboutie.

Le plus inquiétant pour ces élèves est de constater qu'au bout de 5, 6 voire 7 ans d'école pour certains, ils n'aient pas les capacités de se prendre en charge pour présenter un travail d'un niveau convenable et en relation avec l'investissement consenti pour leurs études. Ils sont perdus, sans repères, comme dans l'attente de celui qui pourra les accompagner sur les chemins de la création. Ils ont surement de belles choses à exprimer, mais n'ont pas su trouver en eux les ressources pour le réussir.

On n'est pas plus rassurés après les propos de Colinne Sereau, présidente de l'école Fratellini qui dévoile aujourd'hui les garndes lignes de son projet. Elle a pour ambition d'une part de rencontrer et travailler avec les grandes écoles internationales (c'est quand même la moindre des choses pour une école supérieure, mais après les années d'isolement on a envie de dire enfin) et de faire découvrir à ses élèves d'autres formes artistiques comme le hip hop. Quelle surprise, on redécouvrirait aujourd'hui le métissage et l'apport des autres disciplines artistiques ! On croit rêver quand même ! Quel gâchis de posséder un tel outil de travail et de ne pas en faire meilleur usage.

Puissent nos chères expertes du ministère ouvrir les yeux et aider à créer les conditions d'un véritable enseignement artistique de qualité avant de finir broyés par la médiocrité et laissés sur place par un environnement international qui lui avance et se structure.

Le_guillerm

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