Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Christophe Crampette
Christophe Crampette
Archives
25 octobre 2008

Etre adulte c’est faire le deuil de ce qu’on n’a pas choisi.

Cette phrase a toujours beaucoup compté dans ma vie. Elle constitue pour moi une maxime, voire un guide qui m’accompagne dans mes décisions. Je l’ai entendu en 1986 ou 1987, lors d’un stage de perfectionnement BAFD. Les organisateurs avaient programmé une conférence sur les problèmes de l’adolescence avec un psychiatre, le Dr Reyns, me semble-t-il. Il nous avait exposé les troubles liés au passage entre l’enfance et l’âge adulte et notamment cette difficulté particulière à devoir assumer ses choix. C’était pour lui un indicateur essentiel de maturité psychologique. Certaines personnes n’en devenaient jamais capables et restaient ainsi de fait plongés dans les incertitudes et les ambiguïtés de l’adolescence.

Être adulte reviendrait donc à faire des choix. Oui, en effet s’il est bien une qualité que chacun reconnaît à l’adulte, c’est la capacité à effectuer des choix lucides et raisonnés. On présuppose qu’il en est ainsi pour lui laisser la liberté d’agir sur sa propre vie. Laisser des doutes sur le sujet nous obligerait à enfermer l’individu dans un cadre protecteur qui l’empêcherait de fait d’exercer sa propre liberté.

Mais effectuer un choix ne suffit pas, encore faut-il être en capacité de l’assumer. Quand deux chemins d’offrent à nous, nous avons la possibilité de choisir l’un ou l’autre en fonction de critères qui nous sont propres. Ne pas effectuer de choix nous conduit à ne plus avancer et quelque part à effectuer un autre choix, certes par défaut, mais néanmoins un choix. Il ne faudrait pas non plus croire que se laisser guider par son instinct ou par un soi-disant hasard est un moyen de ne pas affronter ce dilemme. En effet, de quelque façon qu’on aborde le sujet, il faudra à un moment ou un autre, volontairement s’engager dans une voie et donc choisir.

Le problème le plus épineux vient ensuite. On peut passer son temps à se retourner ou s’arrêter pour se demander si, tout compte fait, il ne valait mieux pas prendre l’autre route et ainsi s’empêcher d’avancer sur la voie choisie. Le fait de ne pas assumer les conséquences de son choix devient ainsi un handicap à une bonne réalisation de celui-ci. Il pourrait même légitimer le regret de ne pas avoir choisi l’autre option. On peut néanmoins penser qu’il en aurait été de même dans l’autre situation.

Certes, parfois, on peut réévaluer la situation et estimer nécessaire de rebrousser chemin pour emprunter l’autre route. En fait, cela nous conduit à un nouveau choix : dois-je continuer ou faut-il que je revienne parce que je me suis trompé. Ce nouveau choix ne remet pas en cause le précédent. Il se juxtapose pour nous permettre de mieux avancer.

Certains continueront leur chemin, mais vivront éternellement dans le regret de ne pas avoir choisi l’autre solution. Ils seront frustrés de ce qu’ils ne pourront pas connaître. En fait, ils auraient souvent aimé explorer un petit bout de chaque route pour ensuite être mieux à même de choisir celle qui leur conviendrait le mieux. Ce serait confortable, mais on imagine aisément que l’exploration se révélerait toujours insuffisante et que dans une telle situation, on ne ferait que déplacer la barrière des regrets.

Alors être adulte, c’est parvenir à choisir et surtout à assumer ce choix et les conséquences qui en découlent. C’est considérer qu’on est maître de sa destinée. C’est admettre que ce qui nous arrive est toujours la conséquence d’une multitude de choix qui nous ont conduits à cet endroit, dans telle situation et à cet instant. Nous sommes ce qui peut nous arriver de mieux et de pire à la fois.

Ce serait trop simple de se réfugier derrière une volonté suprême qui guiderait nos actes et nous conduirait à ne pas assumer nos décisions. C’est presque une forme de lâcheté, car ainsi nous ne serions pas obligés de nous confronter à nous-mêmes et à notre propre responsabilité. La religion nous empêcherait-elleempêcherait-elle de devenir adultes ? Peut-être permet-elle simplement à ceux qui en ont besoin d’assumer ce fardeau trop lourd à porter.

Choisir

Publicité
Commentaires
C
C'est pourquoi je pense que l'éducation artistique est un facteur de contribution à la liberté de l'individu.<br /> Elle peut lui donner la capacité à effectuer des choix qui le concernent directement sans être trop contraint par des attentes sociales.<br /> L'acte de création artistique, gratuit par nature, est pour moi l'accomplissement ultime de sa liberté. Le regard du public n'est qu'un élément qui s'ajoute ensuite pour éventuellement lui conférer une valeur.
A
Loin de moi l'idée d'excuser l'être humain...<br /> Je tente juste de savoir ce qui pèse sur lui et ce qui l'empêche de choisir librement....<br /> <br /> Boudieu nous a éclairé sur la question en définissant des tendances qui nous poussent a agir.Il nous parle de capital culturel ou économique par exemple.<br /> Pour lui,l'acteur social est libre dans un certain cadre définit par des valeurs sociales.( l'éducation, l'économie, la religion, la culture...)<br /> <br /> L'être humain n'en reste pas moins responsable de ses actes devant ses paires. On ne peut excuser un meurtrier par exemple. Le jugement de l'acte est différent de sa cause. La compréhension de la cause fait appel à la raison et au savoir tandis que le jugement de l'acte (qui est nécessaire) fait appel aux principes moraux d'une société: la culpabilité...ou à la responsabilité de ses actes.<br /> <br /> Le plus compliqué pour l'être humain à mon sens est de transcender le cadre social imposer par la société. Transcender le cadre permet de ne plus se sentir coupable de faire ou de ne pas faire...<br /> <br /> Cette relativité à la norme sociale (aux règles de vie d'une société) peut se constater chez les personnes qui ont beaucoup voyager ou les personnes ayant travaillé sur eux en thérapie. Avec ces expériences le cadre de valeurs devient plus grand donc relatif. <br /> <br /> Pour répondre à la question posé en fin de texte, assumer et liberté sont des concepts qui ont des origines différentes...assumer appartient aux représentations sociales d'une société dans un instant T et la liberté appartient appartient a une utopie universaliste philosophique qui date du siècle des lumières...<br /> <br /> Il me semble donc difficile d'assumer une liberté que nous ne maîtrisons pas...Cependant nous sommes né coupable et nous portons notre fardeau...(en tout cas en Europe chrétienne)<br /> Notre inconscient collectif nous joue des tours...<br /> A plus<br /> merci pour cet échange<br /> aymeric
C
C'est amusant, car autant je suis d'accord avec l'introduction, autant la deuxième partie nous renvoie vers un déterminisme judéo chrétien qui nous absoudrait des conséquences de nos actes.<br /> Je pense, mais c'est vrai qu'on pourrait le relativiser un peu, que les décisions que l'on prend le sont en pleine conscience. Certes la raison n'est pas toujours déterminante, l'affect et les circonstances viennent participer au processus de choix, mais l'ensemble des facteurs qui guident ce choix est la résultante, à un moment donné, de ce que nous sommes à cet instant.<br /> Le simple fait de choisir nous rend responsable. Si on supposait le contraire, ce serait accepter une part d'irresponsabilité qui nous conduirait inévitablement à l'impossibilité d'envisager la liberté de l'être humain. Ce n'est pas de sa faute, il ne peut pas tout comprendre, ce sont les circonstances qui, il a mal évalué la siuation, c'était trop lourd à porter... ça explique surement en partie l'incroyable convergence des systèmes religieux dans toutes les civilisations. Assumer sa liberté serait-il un fardeau trop important pour l'être humain ?
A
Pour moi faire un choix c'est être libre....<br /> <br /> " Etre libre c'est être conscient des causes qui nous déterminent" Spinoza<br /> <br /> On ne peut pas avoir conscience de tout...<br /> On ne peut pas tout contrôler...<br /> On ne peut pas être responsable (ou coupable) de tout nos actes...<br /> <br /> Il nous faut prendre le temps de nous comprendre...
Publicité
Christophe Crampette
Derniers commentaires
Publicité