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Christophe Crampette
Christophe Crampette
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16 novembre 2008

Pagaille dans la basse-cour

Dans la ferme de l’oncle Karl, le vieux Francesco dirigeait la basse-cour depuis de nombreuses années. Son heure étant venue, il décida de se retirer pour laisser la place à un nouveau prétendant. Il était d’ailleurs plus que temps, car les jeunes canetons commençaient à devenir impatients. Bouillonnants d’idées nouvelles, ils brûlaient de remplacer le vieux Francesco.

Mais tous les canards ne l’entendaient pas de cette oreille. Certains, en effet avaient attendu de longues années que leur heure fut venue. Longtemps dans l’ombre de Loser 1er, qui avait lui-même succédé au glorieux Tonton Filou, ils avaient longuement préparé leur accession au trône, qui selon les traditions ancestrales, leur revenait de droit. Fifille, dont un de ses ancêtres avait failli accéder aux fonctions suprêmes et Loser 2 en étaient les plus fiers représentants. Le poste leur semblait promis. Jamais en effet la tradition de la basse-cour n’avait été battue en brèche. De plus, Frétillant qui aurait pu leur disputer la place avait récemment préféré quitter la ferme pour prendre en charge de hautes fonctions à la coopérative voisine.

Mais le bel ordre de la nature connaît parfois de terribles soubresauts. Venue d’un nid lointain, Chabichou, qui avait un temps séduit le vieux François se sentait pousser des ailes. D’un tempérament plutôt joyeux, elle séduisait les jeunes canetons avides de nouveauté mais également distrayaient de plus anciens sans doute un peu blasés des discours convenus et attendus de ceux qui les dirigeaient depuis longtemps. Parfois maladroite, voire malhabile sa fraicheur emportait toutefois les suffrages sans parvenir toutefois à convaincre le plus grand nombre.

Ils organisèrent alors une grande cérémonie qui devait leur permettre de choisir en toute harmonie celui ou celle qui leur garantirait la paix et la prospérité pour de nombreuses années. Surs de leurs bon droit séculaire Fifille et Loser 2 négligèrent le sérieux de leur rivale et partirent chacun défendre l’honneur de leur étendard. Proposant pourtant le même programme, ils firent mine de ne pouvoir s’entendre sur les choses essentielles. Le problème principal était bien sur qu’aucun d’eux ne voulait laisser la place à l’autre.

Et ce qui devait arriver arriva, Chabichou les devança. Horreur, malheur et indignité, cela ne pouvait être possible. Qu’une importune les devançât relevait de la plus parfaite ignominie, de la forfaiture voir d’une goujaterie extrême. Sus à l’illégitime, ils tentèrent de la diaboliser, l’accusèrent de vouloir pactiser avec  les poules, leurs voisines, de renier les traditions de la basse-cour, mais rien n’y fit, Chabichou triompha. Ils tentèrent alors d’expliquer que le danger était grand car Chabichou voulait une herbe plus verte alors qu’eux-mêmes avaient décidé qu’elle devait être moins jaune, que Chabichou voulait distribuer plus de grains alors qu’eux-mêmes avaient décider d’en donner d’avantage, bref le danger était grand, la basse-cour courrait un danger immense. Le déshonneur était tellement grand qu’il valait mieux laisser la basse-cour s’égailler plutôt que de perdre la face.

Du côté du poulailler, Centrino regardait le combat d’un air amusé, pensant que s’ils continuaient ainsi à se déchirer, il pourrait, avec un peu d’opportunité en prendre le contrôle un jour.

Chez les dindons, eux-mêmes voisins des poules, régnait un certain Agitatum. Profitant d’un espace laissé vacant dans la colonie, il avait conquis le trône des dindons, écartant avec ardeur les autres prétendants. Il avait même réussi à conquérir le contrôle de la ferme en débauchant quelques canards avides de reconnaissance et en attirant des poules qui ne se satisfaisaient pas de rester dans l’ombre pesante de leurs voisins. Agitatum jubilait du spectacle offert par les canards. Il savait qu’ainsi de longues années de tranquillité s’offraient à lui à la tête de la ferme.

La morale de cette histoire, s’il doit en avoir une, est que la vanité aveugle même les plus valeureux et que le bon sens se dilue trop souvent dans l’ambition.

Quand à l’intérêt des canards, pourquoi s’embarrasser de considérations aussi secondaires ? Le pouvoir est bien trop sérieux pour pouvoir être confié à la volaille.

Basse_cour

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Commentaires
T
Y aurait-il un lien avec le Parti Socialiste et la politique française actuellement???
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Christophe Crampette
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