Statistiques

Après avoir obtenu mon bac en 1980, j’entame les études de médecine dont je rêvais depuis toujours. Mais sans doute trop jeune (16 ans à l’entrée en fac) et mal préparé à la difficulté de ces études, celles-ci ne se révélèrent pas une réussite. Je n’avais quasiment jamais eu à fournir d’efforts à l’école. Non pas que mes résultats aient été particulièrement brillants, mais je faisais juste le nécessaire pour ne pas être en échec.

Le jeudi matin de 8 h à 9 h, nous avions cours de statistiques. Sortant d’un bac scientifique, le programme était aussi peu motivant que le professeur chargé de son enseignement. Au bout de quelques semaines, après un passage à la cafétéria du LUC, après l’heure de sports, j’y oubliai ma pochette de cours. Acte manqué ou réel oubli, il se trouve que seul ce cours là fut égaré ce jour. Le coefficient accordé à la discipline n’était que de 0,5. L’heure matinale ajoutée à la faible probabilité d’un échec du à cette matière ont alors eu raison de ma motivation. Je fis alors l’impasse sur les statistiques.

Il y a en France aujourd’hui 63 753 000 habitants. Parmi ceux-ci, 28,4 % ont entre 35 et 44 ans, soit 18 105 852.

Dans cette tranche d’âge, 420 auront un cancer du poumon cette année, mais seulement 7% d’entre eux seront non fumeurs, soit 29  bénéficiaires.

Mais parmi les non fumeurs, près des trois-quarts sont exposés à du tabagisme passif ou un environnement professionnel hostile (amiante, produits chimiques…).

J’avais donc environ 7 chances sur 18 millions, soit 1 chance sur 2 586 550 d’avoir un cancer du poumon. C’était la à peu près la probabilité de trouver les 5 numéros plus le complémentaire au loto. J’aurais peut-être du y jouer.

J’ai toujours été fâché avec les statistiques.