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Christophe Crampette
Christophe Crampette
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5 novembre 2008

Les premiers pas

Comme beaucoup d’enfants de ma génération qui ont grandi dans la métropole lilloise, mes premiers souvenirs de cirque remontent au cirque de la Voix du Nord. Chaque année, le quotidien régional invitait alors gratuitement ses lecteurs à une série de représentations sous le hall de l’ancienne foire commerciale. Sans vraiment nous en rendre compte, nous avons pu y découvrir au cours des années les plus grands numéros de l’époque. Un gala de très haute tenue était présenté un mois durant à plusieurs dizaine de milliers de spectateurs. Je me rappelle très bien mes parents renvoyant sans tarder les coupons réponses pour être certains d’obtenir les places désirées ainsi que le pèlerinage annuel à travers les allées boueuses pour rejoindre la salle accueillant le spectacle.

Les autres souvenirs venaient des soirées hebdomadaires où Roger Lanzac présentaient devant des générations de yeux ébahis un florilège des meilleurs numéros du moment. Sous le chapiteau en dur du cirque d’hiver défilaient les trapézistes, les jongleurs et les acrobates, quelques numéros avec animaux, mais surtout les clowns qui ont du, comme pour moi, laisser des souvenirs inoubliables.

Mon retour vers le cirque s’est produit beaucoup plus tard. En 1987, alors instituteur à l’école George Sand de Lomme, je rencontre une collègue qui me parle des colonies qu’elle encadre pendant les vacances et notamment de la colonie cirque qu’elle venait de terminer. Détenteur du BAFD et directeur de CLSH, j’étais assez tenté par l’expérience de la colo.

Sur sa recommandation, je prends alors rendez-vous avec Antoine Théry, alors responsable des de la Chênaie, plus gros organisateur de séjours de la région. Après un entretien pour faire connaissance, il me confie le catalogue des colos et me demande de revenir quelques semaines plus tard. Je reviens avec deux choix : un séjour mer/montagne que je trouvais sympa et un séjour cirque. Sans me laisser le temps de réfléchir, il m’annonce qu’il me confiera le séjour cirque.

C’est ainsi, qu’au début juillet 2008, je me rends à La Chapelle d’Abondance en Haute-Savoie, pour y accueillir pendant deux semaines un cirque qui initiera les enfants du centre.

Le prestataire était Richard Michalik, alors directeur de l’école du cirque de Chambéry Le Haut. Il était accompagné de sa femme et de trois élèves de l’école qui participaient à l’encadrement. L’un d’entre eux était d’ailleurs Michel Arias, pensionnaire maintenant depuis de nombreuses années du Cirque Baroque. Léonard, fil de fériste et Jean-Claude, jongleur complétaient l’équipe.

Rapidement, en allant voir le déroulement des activités, je me mis à y participer. D’abord je me mis à la jonglerie. Je me rappelle avoir pris un mauvais défaut au début, car je ne parvenais pas à rester sur place, j’avançais en suivant mes balles à travers le chapiteau. La solution pédagogique fut radicale, car Richard m’attacha les pieds avec une corde au mât du chapiteau. A force de ramper pour aller chercher mes balles, je corrigeai alors rapidement le défaut et stabilisai ma jonglerie. Par la suite je m’essayai également à la boule, au rouleau et au fil qui m’intriguait particulièrement, ainsi qu’au trapèze.

L’année qui suivit me vit pratiquer de façon assez intensive la jonglerie. A la recherche de jongleurs sur Lille, on me conseilla de rencontrer un certain « Paulo » (Laurent Petit), réputé comme étant le meilleur jongleur de Lille (nous devions être 8 ou 10 jongleurs à l’époque). Notre première rencontre eut lieu, à son retour d’une sorte de voyage initiatique en Amérique du sud, derrière la cathédrale Notre-Dame de la Treille où il avait l’habitude de s’entrainer. Il m’apprit alors à jongler avec des torches.

L’été suivant, de retour vers la colo cirque, je retrouvai Richard Michalik, à Saint-Jean d’Aulps cette fois-ci. Tout fier des progrès accompli en son absence, je m’empressai de lui montrer mon habileté et le passage à 4 balles que j’avais abordé tout seul. Je pris alors ma première grande leçon de cirque. En effet, il me demanda simplement de jongler un peu plus haut, ce dont je me révélai incapable. Il me dit alors que c’était nul et que je pouvais tout reprendre à zéro. Tout d’abord très vexé, je compris alors rapidement deux choses :

·         Le cirque est une extraordinaire école d’humilité. Il ne faut jamais penser être arrivé à quelque chose, mais toujours imaginer que ce n’est qu’une étape perfectible. Il est de toute façon toujours possible de faire mieux. On peut toujours, en théorie, ajouter une balle…

·         Pour apprendre les gestes de cirque, il faut non seulement installer des habitudes pour ancrer les mouvements dans la mémoire corporelle profonde, mais également varier et bouleverser ces habitudes en permanence pour permettre de nouveaux apprentissages.

Ces deux premières leçons m’ont beaucoup servies par la suite et ont servi de repère à mon enseignement.

Par la suite, je rencontrai de nombreux artistes lors de stages divers, notamment à Montigny en Gohelle où je fis connaissance d’Eric Cherigié, aujourd’hui directeur de Cirque en Cavale et compagnon de route depuis longtemps. Des stages clown avec Jean-Claude Keestens, un stage fil avec  le cirque en Kit, plusieurs stages de jonglerie avec l’institut de Jonglage (Tim Roberts, Didier André et Jean-Marc Lucas) où j’appris le vrai passing, celui qui fait mal aux mains. Du trapèze ballant et de l’acrobatie avec Hélène Mugica du Cirque Baroque(premiers frissons dans la coupole du chapiteau), du trapèze fixe avec Sylvie Delaire de la Famille Morallès (découverte de la rigueur du trapèze), du fil et du clown avec Joël Colas (rencontre fondamentale pour moi), de la jonglerie avec Didier et Thierry André (des légendes à nos yeux), une grande rencontre avec Nikolaus (qui me transmit une véritable approche philosophique de la jonglerie), de la corde volante et des Benjis avec Didier Mugica (d’autres frissons sous la coupole), du monocycle et du BMX avec Vincent Warin… autant de rencontres et d’expériences qui m’ont construit et aidé à comprendre les enjeux de l’enseignement de ces disciplines et m’ont aidé ensuite à tracer ma route.

De l’enfant ébloui au président de la Fédération d’aujourd’hui, l’amateur éclairé, puis l’enseignant et enfin le directeur d’école de cirque peuvent remercier chacun d’entre eux pour avoir contribué à ce parcours.

Nikolaus

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