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Christophe Crampette
Christophe Crampette
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18 octobre 2008

Le droit de dire merde.

La reconquête de la liberté de parole est évidemment un effet de la maladie qui oblige à reconsidérer son système de valeurs, mais également le rapport au temps et à la vie dans la globalité.

Cette liberté s’exprime de plusieurs façons et selon les catégories d’interlocuteurs, mais on y retrouve les mêmes caractéristiques de franchise et de sincérité. On ressent la nécessité absolue d’être vrai, de ne plus biaiser, de ne se concentrer que sur l’essentiel. L’existence d’une échéance, même encore incertaine créée, non seulement un sentiment d’urgence, mais aussi une obligation d’efficacité. Le temps perdu ne revient jamais. Les occasions manquées représentent autant d’échecs que de frustrations, qu’il faut absolument circonscrire.

Cette liberté modifie fondamentalement le rapport aux autres. L’éducation et le parcours de vie qui ont contribué à construire notre personnalité, nous ont amené à adopter des postures de communication dans notre vie personnelle, sociale et professionnelle. Nous adaptons notre comportement envers autrui en fonction de règles qui nous sont propres, mais également en fonction de l’interlocuteur, de la situation et des objectifs recherchés. Nous utilisons parfois des stratégies pour parvenir à nos fins, mais sommes bien souvent « victimes » de blocages, tabous ou limites qu’inconsciemment nous nous empêchons de transgresser. Délimiter ainsi le périmètre de notre interaction avec le monde est évidemment nécessaire. Il nous permet d’asseoir des relations stables et équilibrées, garantes d’une bonne intégration dans la société. Il constitue par contre un frein évident à l’épanouissement personnel. L’environnement social où nous baignons et l’héritage sociétal qui nous accompagne prennent bien entendu une place prépondérante dans la nature de ces relations.

Bien entendu, la vérité se situe toujours dans un équilibre entre ces deux tendances, mais la propension naturelle de l’être humain à assurer sa sécurité le conduira inévitablement à privilégier l’option la moins risquée. Il se privera ainsi d’un certain nombre d’occasions d’établir une véritable communication.

Il ne faudrait pas penser non plus qu’il serait souhaitable pour chacun d’entre nous de libérer totalement la parole et la relation sans limite. Cela aurait vraisemblablement un effet destructeur car excessif. Tout se dire et tout se permettre ne peut constituer une solution durable à moyen terme. La libération des esprits des années 70 a bien montré que les plus ardents défenseurs de la liberté absolue sont par la suite devenus les conservateurs et les esprits étroits qu’on connaît aujourd’hui.

Aujourd’hui, je peux vous assurer que la levée de certains blocages, le dépassement des tabous et la remise en cause des modes de communication constituent autant de plaisirs et de bonheurs inestimables. Se permettre un geste vers l’autre, s’autoriser un compliment ou une parole gentille, avoir pour souci essentiel le positif sont riches, satisfaisants et très surement partagés.

On ressent également une satisfaction et un plaisir incommensurable à dire merde à quelqu’un quand il le mérite, à lui exprimer enfin le fonds de sa pensée quand son attitude ou son comportement nous exaspère. C’est un bonheur rare que je vous invite à expérimenter.

Certes, il ne faut pas devenir destructeur et sombrer dans une stratégie de redresseur de torts ou de grand rédempteur de l’univers, ça deviendrait totalement contreproductif.

Néanmoins, que c’est bon !

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